mardi 23 juillet 2013

Accusations, frivolités et intimidation...

La plupart d’entre nous, les geeks, gardons un souvenir plus ou moins bon de l’école primaire et du secondaire. Inutile de le taire : nous avons été plus souvent qu’à notre tour victimes des railleries de nos camarades de classe à cause de notre look étrange ou de nos goûts hors norme. En effet, aimer les manga et les super-héros, ce n’est pas la même chose qu’aimer le football et le hockey. Personnellement, j’ai l’impression que ça aurait dû faire de nous des gens sinon mieux équilibrés, du moins plus compréhensifs, ouverts et enclins à la compassion... Apparemment, je me trompe, du moins si je me fie à maintes expériences dont j’ai été témoin ou que j’ai subies moi-même.

À vrai dire la communauté geek est souvent immature et vindicative. Mais je vous dirais honnêtement que parmi eux, ce sont les otakus qui remportent la palme.

Quand je vois des cosplayeurs s’en prendre à d’autre cosplayeurs parce qu’ils sont « moins talentueux », qu’ils n’ont pas le type physique correspondant au costume ou qu’ils ont gagné un prix de mascarade qu’ils ne « méritaient pas », ça me fait un peu capoter. Le cosplay, c’est un hobby... C’est censé être un plaisir qui se partage entre passionnés, pas une excuse pour planter les gens sur leur physique ou leur talent. Il me semble que la plupart des cosplayeurs devraient être sensibles à ça, car la plupart d’entre eux sont l’incarnation de l’histoire du vilain petit canard. Le pire, c’est que ce genre de harcèlement fondé sur le talent et, surtout, sur le physique, commence en festival et se poursuit sur les médias sociaux.

À deux ou trois reprises, j’ai vu des gens colporter des rumeurs de pédophilie ou de harcèlement sexuel sur plusieurs membres masculins de la communauté, plus âgés, qu’ils n’aimaient pas. Croyez-vous qu’ils se contentent de raconter n’importe quoi? Détrompez-vous : certain ont carrément accusé ces personnes en public par l’entremise des médias sociaux ou tenté de les faire expulser d’évènements. Bien sûr, ces accusations se révèlent pratiquement toujours fausses ou sans fondement : il suffit que la personne soit bizarre, maladroite en société et peu appréciée de certains groupes.

En creusant un peu, on se rend généralement compte que la victime présumée est toujours l’amie d’une amie d’une amie, qui se serait fait photographier sous la jupe ou prendre une fesse, ou alors qu’un malentendu est à la source du problème qui, la plupart du temps, a été réglé bien avant que la rumeur se répande. Tout cela relève souvent plus du mythe urbain que du problème réel.

Bien sûr, les accusateurs sont assez à l’aise pour en parler à tout le monde dans la communauté, aux organisateurs de festival, dans les médias sociaux, aux commerçants, mais jamais à la police.

Attention. Je ne me porte pas à la défense des pédophiles ni des agresseurs sexuels. Bien au contraire. Dans mon ancienne vie d’organisateur de festival, j’ai toujours pris au sérieux de telles allégations et mené ma propre enquête avec mon équipe avant de prendre position. C’est ce que font tous les organismes responsables qui gèrent des évènements de ce type et qui reçoivent ce genre de plaintes. Ces situations doivent être prises au sérieux. Il s’agit tout de même de victimes potentielles d’actes criminels et, surtout, de personnes mineures. Il n’y a aucun risque à prendre avec ça.

Si la personne est vraiment louche et que l’histoire est crédible, qu’il y a vraiment des victimes et des preuves... appelez la police, pas votre organisateur de festival. Imaginez que la rumeur soit sans fondement. Vous pourriez détruire la vie de quelqu’un par pure immaturité.

Évidemment, les situations sont souvent plus banales. Je parle ici des innombrables histoires de couchette : qui couche avec qui, qui sort avec qui, telle et telle cosplayeuses sont des filles faciles, tel cosplayeur est un homme à femmes... Rien de bien grave, mais assez pour entacher solidement une réputation, surtout quand ça n’a aucun sens. Par exemple, une personne ouvertement gay qui, selon la rumeur, se mettrait soudainement à sortir avec des personnes du sexe opposé. En gros, c’est tout aussi mature qu’un numéro du 7 jours.... Mieux encore, certains membres de la communauté se seraient violemment battus dans un commerce bien connu, qui plus est, devant de multiples témoins. Les deux intéressés ne savaient même pas de quoi il était question quand on leur a posé la question. Par moment, on se croirait dans un récit de science-fiction.

J’ai moi-même subi ce genre de traitement. À l’époque de Cape & Kimono, des personnes avec qui j’étais en conflit m’ont ouvertement et publiquement accusé de détournement de fonds parce que j’étais parti en voyage immédiatement après le festival. C’était mon cadeau de mariage de la part de mes parents... Je précise en outre que je n’aurais pas pu voler l’argent du festival, car cette année‑là, il était déficitaire, et il a fallu y mettre de l’argent de nos poches pour renflouer les comptes!

Selon une autre rumeur, je suis à l’origine de l’annulation de Cape & Kimono 2012 alors que je ne faisais même plus partie ni du conseil d’administration ni du comité exécutif et que je n’avais aucun droit de vote sur la question. En somme, du grand n’importe quoi. J’imagine que vous voyez un peu où je veux en venir?

Résultat? Ça m’a nui sur les plans financier et professionnel. Pas trop, parce que j’avais les chiffres et les explications, mais assez pour faire hésiter des gens, ce qui est déjà beaucoup.

Je vous épargne aussi les histoires de harcèlement par l’entremise des médias sociaux ou dans des lieux publics, les pétitions pour faire exclure des gens de certains évènements (sans réel fondement), l’intolérance (anglos contre francos et vice-versa), et j’en passe. Ces histoires, il en pleut chez les otakus québécois. Chez certaines organisations bien connues, c’est même devenu un mode de fonctionnement... Eh oui, j’ai vu des organisations en menacer d’autres pour avoir de la visibilité, pour attaquer un membre qu’ils ont pris en grippe ou simplement parce qu’elles le pouvaient, afin d’obtenir une plus grosse part du gâteau.

On détruit donc la réputation de gens parce qu’ils sont étranges ou nous dérangent, par jalousie ou parce que nous ne les aimons pas. Je dis BRA-VO. /end sacarsm. Et tous ces comportements viennent d’une communauté soit‑disant ouverte d’esprit et foncièrement opposée à l’intimidation et au harcèlement.

Je me demande pourquoi. Un trip de pouvoir? Le désir d’être quelqu’un de plus fort? De la simple et pure immaturité?

On se croirait dans une cour de polyvalente, sauf que ceux qui y étaient généralement des victimes sont maintenant des bourreaux. Les autres, comme les trois petits singes de l’histoire, ne voient rien, n’entendent rien et, surtout, ne disent rien. Un beau cas de dissonance cognitive... On n’accepte pas la réalité, alors on change son comportement et ses convictions pour rendre le tout « acceptable ».

C’est réellement désolant. Tout le monde voit ça aller. Tout le monde trouve ça dégueulasse. Personne ne fait ni ne dit rien, par peur de perdre des amis durement acquis ou d’être le prochain, j’imagine... Donc, si je comprends bien, on crie fort contre le harcèlement et l’intimidation dans la vie de tous les jours, mais pas dans notre cour?

Des fois, je regarde ça aller et je me demande si les otakus peuvent vivre sans drame dans leur vie. S’il n’y en a pas, ils vont en produire pour que leur cercle social ressemble à un épisode de Dallas. Je me demande franchement quelle est cette espèce de fascination morbide pour les drames interpersonnels.

En bref, tout ce que je dis, c’est qu’avant de croire n’importe quoi, avant de colporter une rumeur, même si la personne visée ne vous inspire absolument pas, réfléchissez... Surtout avant de devenir un bourreau. Souvenez‑vous donc de vos années au secondaire ou au primaire. Est-ce que ça va prendre un suicide causé par notre communauté pour que les gens comprennent?