mercredi 17 octobre 2012

Pourquoi adopter le Blu-ray? Le DVD est très bien! Vraiment?


Ça doit faire au moins quatre ans que le Blu-ray a gagné la guerre des nouveaux supports. Le prix des lecteurs a tellement baissé qu’il est possible d’en trouver des fiables pour 60 $, voire moins. Vous avez bien lu : on donne pratiquement les lecteurs Blu-ray, et les gens choisissent quand même le lecteur DVD pour économiser 15 $ et, par le fait même, conserver un support qui tombe en désuétude et dont la qualité ne suit aucunement (mais alors, pas du tout) celle de l’équipement télévisuel qu’adopte la majorité des foyers, à savoir l'écran plat.


Sérieusement, je trouve aberrant qu’on dise que le DVD est assez bon pour une télé haute définition. Faites le calcul : la surface est le quadruple de celle d’une télé conventionnelle. Il est donc certain qu'un film récent va bénéficier d'une image plus belle que ce qu'un DVD peut offrir. De plus, ramer à contre-courant n'est pas une bonne chose, surtout quand il s’agit de technologie...

Maintenant, quelques chiffres. Si ça vous écœure, sautez deux paragraphes, vénérez mes paroles comme celles d’un dieu et allez vous acheter un lecteur Blu-ray, si ce n’est déjà fait. Sinon, parlons de la différence entre le Blu-ray et le DVD en commençant par le type de fichier et la compression. Le DVD utilise du MPEG et compresse l'image un peu comme pour un JPEG, ce qui la rend floue. Le Blu-ray utilise une variante du codec x264, qui compresse par rapport à la différence entre les dernières images, ce qui optimise les effets de dégradé et les scènes sombres.

En outre, en Amérique du Nord, le DVD a recours au balayage entrelacé à 480 lignes, tandis que le Blu-ray utilise le balayage progressif à 1080 lignes, soit presque le double. Dans le cas de l’entrelacement, l’image perçue provient du croisement rapide de deux images. Quant à lui, le balayage progressif fait apparaître l'image progressivement, de haut en bas. Les télés haute définition sont toutes conçues pour le balayage progressif. Nul besoin de préciser que la qualité des images entrelacées s’en ressent, surtout sur un écran de 50 pouces ou plus. En gros, c’est ça. Mais il y a bien d'autre raisons de choisir le Blu-ray plutôt que le DVD. Le Web regorge d’informations à ce sujet.

Bon, c’est bien beau, mais on peut faire dire aux chiffres un peu n’importe quoi! Voici un exemple personnel qui illustre la différence de qualité entre le Blu-ray et le DVD. J'ai eu la chance de comparer la comédie d’horreur et d’action L'armée des ténèbres, un film de 1992 mettant en vedette Bruce Campbell (en passant, tout geek doit l’avoir vu, ne serait-ce que pour les répliques niaiseuses). Mon ancien gérant a acheté la version DVD. La semaine suivante, j'ai acheté la version Blu-ray. Grâce à une réalisation de très bonne qualité, la version DVD sortait « relativement » bien. Les scènes en extérieur étaient assez bonnes et regardables. Par contre, les scènes en intérieur, à la noirceur, étaient vraiment minées par la compression, et l’interpolation était perceptible sur les zones noir uni... Bien sûr, dans les plans de masse où les deux armées s’entrechoquent, l'entrelacement est perceptible. En conséquence, les petits détails (en l’occurrence, l’armée!) sont flous et très mal définis.

Une semaine plus tard, je fais jouer le Blu-ray sur la même télé, avec le même lecteur, et c'est le choc! Je suis en présence d’une tout autre œuvre! D’abord, les couleurs sont bien plus éclatantes. On voit clairement les détails de la peau sur les gros plans, les zones sombres sont très bien rendues et le bruit (le grain du film) est imperceptible dans les scènes où il devrait l’être! Bien sûr, support oblige, l’entrelacement est absent. Donc, les scènes à grand déploiement sont plus nettes et détaillées. Cette résolution supérieure accroît la profondeur de champ et isole l’objet, comme dans cet exemple. La seule scène qui perd un peu de charme se déroule à l'intérieur du château. Il y faisait tellement sombre que l’équipe, qui filmait avec la lumière ambiante, avait dû utiliser un film à haute sensibilité. En version DVD, sur une télé cathodique de l'époque, ça ne paraissait pas trop. Par contre, en haute définition, je peux vous dire que le grain est visible et, par conséquent, les détails aussi. C’est un peu agressant.

On peut donc en conclure que la qualité d’un film bien réalisé avec la technologie adéquate passera l'épreuve du temps et que le support sur lequel les films ont été réalisés pour le cinéma comporte assez de détails pour accéder à une nouvelle qualité d'image. J'ai acheté d'autre vieux films depuis, et un seul sur une dizaine de classiques était de qualité moyenne : La folle histoire de l’espace, dont les scènes de maquettes, filmées en beta, ont mal vieilli. Même La princesse Bouton d'or avait une qualité d'image remarquable. Le Batman avec Keaton est superbe, ainsi que S.O.S. Fantômes (du moins, la version américaine). En ce qui a trait aux films récents, Le chevalier noir (et sûrement sa suite), tourné en Imax, est à baver par terre : il est même en deuxième position des plus beaux films que j’ai vus en haute définition. Bref, pour ce qui est des films, le Blu-ray est un bon investissement. Même un mauvais film comme Bleu d’enfer est d'une qualité à couper le souffle. Les scènes sous-marines sont incroyablement détaillées, tout autant que les maillots des jeunes demoiselles (par contre, pour le scénario, on repassera).

Mais est-ce toujours le cas? La réponse est malheureusement négative. Je vois mal de veilles séries antérieures à l’an 2000 avoir une qualité d'image comparable, étant donné l'équipement utilisé. En outre, elles ont été filmées en format 4:3 et non en 16:9. Il est donc évident que l'investissement n'en vaut pas la peine. Certains films au budget moins important ou dont les techniques cinématographiques étaient inférieures ne gagneront pas grand-chose, par exemple, La folle histoire de l’espace. Rien n'est vraiment net dans ce film; le manque de piqué est assez évident. De plus, beaucoup de scènes de maquette ont été filmées avec un équipement d’amateur (en apparence), ce qui rend l'image peu gracieuse.

Qu’en est-il de l’animation à la télé? C'est une autre question. Par chance, même en DVD, l'animation s'en sort assez bien en raison de ses couleurs unies. Par contre, dès qu’il s’agit d’un effet de dégradé, d’une scène sombre ou d’une scène d’action, la qualité prend du plomb dans l’aile! Bien sûr, il faut une image de qualité sur un DVD de qualité, ce que la majorité des DVD d’animation nord-américains ne sont pas. Beaucoup d’images gravées sur DVD au début de l'ère du numérique étaient des copie de VHS. Le gain de qualité était faible, voire inexistant. Les choses n'ont guère changé : certaines compagnies reproduisent les erreurs du passé en faisant passer de vieux titres aux nouveaux supports haute définition. Je parle particulièrement de FUNimation, qui a sorti Claymore en Blu-ray en faisant passer le fichier de 480p à 720p (lire : en le redimensionnant artificiellement). Croyez-moi, c’était loin d’être beau. Ajoutez à cela beaucoup de postérisation, à savoir un effet de dégradé dont les couleurs passent abruptement de l’une à l’autre, avec un nombre limité de teintes (une demi-douzaine), ce qui n’ajoute rien à la netteté. Donc, pas la peine d’acheter. Trinity Blood a aussi été refait et, par moment, l’image médiocre nous fait pousser des cris. Plus récemment, Code Geass est sorti en Blu-ray en France, et je n’ai pas perdu une minute. Le doublage est superbe, et c’était trop tentant de jouer au frisbee avec la version anglaise. Quoi? Vous ne pensez tout de même pas qu'un acteur dont le haut fait en carrière a été de jouer le Power Ranger noir peut incarner Lelouch? Mais bon, revenons à nos mouton. La première série est sortie juste avant l'ère de la haute définition. L'achat en vaut-il la peine? Oui. Mais préparez-vous a de petites surprises… Comprenez bien : dans un dessin animé, les scènes d'action sont souvent réalisées par ordinateur, puis intégrées au dessin classique qui, lui, est peint sur des feuilles transparentes qui sont ensuite numérisées en haute résolution, puis insérées. En conséquence, les scènes numériques ne sont générées qu'en une seule résolution, et il n’est pas vraiment possible de revenir en arrière. Bref, toutes les scènes où le numérique a été utilisé sont un peu floues, et les lignes en escalier dues au manque de résolution sont perceptibles... Par contre, toutes les scènes dessinées à la main comportent tous les détails en haute définition. La deuxième saison, arrivée à l'ère de la haute définition, ne connaît pas ces problèmes. Récemment, Bandai a annoncé son intention de refaire les scènes d'action de Gundam Seed et de Seed Destiny pour une collection Blu-ray. Je pense qu'il est évident que la qualité sera au rendez-vous. Pour ce qui est du prix, c’est autre chose (120 $ pour 13 épisodes…). 

En conclusion, adoptez le Blu-ray pour les nouveautés. C'est aussi un bon achat pour les films. S’il s’agit d’une série plus vieille, faites vos devoirs. Mais par pitié, ne mettez pas le DVD sur un pied d’égalité avec le Blu-ray! Il ne lui arrive même pas à la cheville! Inutile de se battre contre l'évolution de la technologie ou de ramer à contre-courant. Regardez les pauvres utilisateurs de VHS qui pleurent parce qu’ils n'ont pas fait d'archives de leur souvenirs...

Méditez sur ces écrits peu gracieux. Nous vous revenons bientôt.

Luc